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L'ASSASSINAT D'ANDRE ALIKER


             

Stomy Bugsy (Aliker), Patrick Chamoiseau (le scénariste), Lucien Jean-Baptiste(Bissol) et Guy Deslauriers (le réalisateur)

(domactu.com&afrik.com)

Aliker

de

Guy Deslauriers

Il y a 77 ans, le 12 Janvier 1934, le journaliste communiste martiniquais André Aliker est retrouvé assassiné sur la plage de Fonds-Bourlet à Case-Pilote (Martinique), noyé et ligoté (les mains attachées derrière le dos).

Le dimanche 11 janvier 2009, plusieurs hommages lui ont été rendus, notamment sur cette fameuse plage qui a vu sa mort. 
Son frère Pierre Aliker, âgé aujourd'hui de 101 ans, présent lors de l'évênement pour honorer sa mémoire et surtout le combat qu'il avait mené pour faire connaître la vérité.

Hommage rendu également chez les communistes, qui ont rappelé que c'est en partie grâce aux luttes menées par des hommes comme André Aliker ou encore Léopold Bissol que les travailleurs Martiniquais ont pu sortir de la misère.

 

André Aliker est né le 10 février 1894 dans le quartier Roches-Carrées sur la commune du Lamentin en Martinique, dans une famille modeste d’ouvriers agricoles. Grâce aux sacrifices de sa mère, il suit normalement ses études à l’école du bourg. A sa majorité, durant la première guerre mondiale, il se porte volontaire et sera distingué par son dévouement et son courage. A son retour au pays, il s’associe pour ouvrir une petite épicerie à la rue Blénac dans le centre de Fort-de-France. Il s’installe ensuite à son compte dans le commerce de gros et demi-gros. Puis, il s’inscrit au groupe communiste Jean Jaurès et, en même temps, il anime le syndicat des employés de commerce. Il devient rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal Justice, l’organe de presse de ce parti dont la première parution date du 8 mai 1920.

Il devient célèbre avec l’affaire Eugène Aubéry, un Blanc, d’origine modeste qui a séjourné aux Panama et à Cuba au début du 20ème siècle, avant de revenir à la Martinique et devenir contremaître au centre Lareinty au Lamentin. Ce dernier y épouse Berthe Hayot la fille de Gabriel Hayot, qui appartient à l’une des plus riches familles béké  de l’île. Il fut d’ailleurs, de 1926 à 1934, président du Conseil général de la Martinique, puis président de l’assemblée locale jusqu’à sa mort en février 1934. Grâce à ce riche mariage, Eugène Aubéry est nommé en 1919 administrateur de l’usine Lareinty. En novembre 1924, Madame Berthe Aubéry, détentrice de 60% des actions de la société anonyme de l’usine du Lareinty, acquiert les 40 % restants et devient, par la même, seule propriétaire. Grâce à sa femme, son mari se trouve alors à la tête d’une des plus grosses fortunes de la Martinique.

A la liquidation de la société Lareinty, son actif social est estimé à 7.500.000 francs(1.143.367,62Euros), chiffre inférieur à la valeur réelle de l’entreprise. C’est là, que commence la supposée affaire de fraude fiscale, de cette grande famille de Békés dont s’empare André Aliker dans son journal JusticeLe 11 juillet 1933, dans une édition spéciale, il publie en gros titres « Le Panama de Lareinty, les chéquards de la fraude fiscale. Magistrats pris la main dans le sac ». Les épisodes et les gros titres de « l’affaire Aubéry- Hayot » vont se succéder de plus belle. A tel point que que ce scandale retentira jusqu’en métropole.

 

La justice coloniale enterre l’affaire

Le procès des présumés complices de l’assassinat a lieu le 23 janvier 1936 à Bordeaux et se conclut par un non-lieu pour insuffisance de preuves de leur complicité. La cour retient qu’André Aliker a été assassiné avec préméditation et demande la reprise de l’instruction pour découvrir qui sont les véritables criminels du meurtre resté impuni. La presse métropolitaine met alors en cause la justice coloniale, qu’elle soupçonne de corruption et de manque d’indépendance.

 

Le 31 janvier 1936, lors des obsèques d’André Debuc, Béké et maire de la commune du Lamentin, Marcel Aliker, frère d’André, tente de le venger en tentant d’assassiner, à l’entrée de l’église, Eugène Aubéry qu’il soupçonne d’être mêlé au meurtre de son frère. Mais son revolver s’enraye. Arrêté pour tentative de meurtre mais soutenu par l’opinion publique, il est acquitté pour, semble-t-il, éviter des troubles, dont les conséquences auraient pu être dramatiques.

 

De 1945 à 2001, le petit frère, Pierre Aliker, médecin de profession, est premier adjoint de la mairie de Fort-de-France aux cotés d’Aimé Césaire. A l’occasion de l’anniversaire de ses cent ans, le 9 février 2007, un hommage est rendu au docteur Aliker.

Désormais, le stade de Dillon de Fort-de-France porte le nom de Pierre Aliker, petit frère du célèbre André. Grand ami d’Aimé Césaire, cet homme habillé de blanc, a rendu un vibrant hommage au chantre de la Négritude, décédé en 2008.

Enfin, grâce à un comité de soutien, vous pourrez voir dès aujoud'hui, sur les écrans de cinéma, le film consacré à la vie d’André Aliker réalisé par le cinéaste martiniquais, Guy Deslauriers. Le scénario a été écrit par le célèbre romancier martiniquais Patrick Chamoiseau. Le chanteur capverdien Gilles Duarte, alias Stomy Bugsy, joue le rôle d’ André Aliker. Les producteurs du film ont entrepris des démarches pour qu’il soit plus largement diffusé.

 

André Aliker, détail de la fresque du cimetière du Lamentin

ALIKER par eikichi

Chronologie des luttes des communistes Martiniquais
1920 : naissance du mouvement communiste en Martinique. Création du groupe Jean-Jaurès, constitué de dissidents de la fédération socialiste conduits par Jules Monnerot.

8 Mai 1920 : Première parution du journal Justice.

1923 : “ La fusillade de Bassignac ” .

1923-1926 : Le gouverneur Henri Richard instaure un climat de peur; forte répression colonialiste.

24 Mai 1925 : Assassinat de Charles Zizine et de Louis des Etages; fusillade du Diamant.

1933-1934 : Le scandale Aubéry.

1934 : retour en Martinique de René Ménil, Thélius Léro, du syndicaliste Victor Lamon, et de George Gratiant. Fusion du groupe Front Commun et du groupe Jean-Jaurès.

11 Janvier 1934: assassinat d'André Aliker, journaliste engagé de Justice.

1936 : Création du Front Populaire anti-usiniers, Léopold Bissol est élu conseiller général.

1935 : Création de la Fédération Communiste de la Martinique (FCM).
1939-1945 : 2nde Guerre Mondiale et période de clandestinité des communistes martiniquais qui luttent contre le régime de Vichy (Amiral Robert).

1946, élection des deux députés communistes Aimé Césaire et Léopold Bissol, les communistes mènent de puissants mouvements sociaux pour l'instauration de la sécurité sociale et l'amélioration des conditions des travailleurs de la Martinique.

1956 : Départ d'Aimé Césaire de la FCM.

1957 : création du Parti Communiste Martiniquais (sécession avec le parti communiste français). Premier secrétaire général : Camille Sylvestre.

13 Mars 1960 : le PCM présente le premier projet de statut pour la Martinique sur le mot d'ordre d'autonomie démocratique et populaire.

24 Mars 1961 : Fusillade du Lamentin, Alexandre Laurencine 21 ans, Edouard Valide, 26 ans et Annette Eulalie Marie-Calixte, 24 ans sont tués, une vingtaine de blessés. Le maire communiste du Lamentin Georges Gratiant dénonce cette répression sur les ouvriers agricoles en grève. Il est condamné à trois mois de prison avec sursis et 100.000 francs d'amende pour son discours Sur Trois Tombes lors des funérailles.

1963 : Affaire OJAM, répression contre les jeunes communistes, accusés de complot contre la sûreté de l'Etat

 
 



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