LE DERNIER HOMMAGE
Vous avez été nombreux pour lui rendre un dernier hommage. Fleurs en main, le menton relevé avec dignité et sérénité, votre attende fut longue. Près de deux heures pour pouvoir s'arrêter quelques secondes devant le cercueil afin de saluer ce grand homme, ce poète , « le Papa Césaire ».
«C'était le meilleur des fils de la Martinique», a lancé un des plus proches compagnons de Césaire, Pierre Aliker, 101 ans. Très ému, il a raconté en introduction de la cérémonie le combat du poète contre la colonisation, le racisme et son parcours politique.
Emporté par l'émotion, Pierre ALIKER a du mal à poursuivre son discours. Il retrace le parcours d'Aimé Césaire. Une voix claire résonne dans le monde, scellant le pacte d'amitié entre les deux amis.
"Il ne faut jamais permettre que l'intérêt général soit noyé dans les eaux glaçées des intérets privés". Pierre ALIKER cite Karl MARX et a toute sa tête et le dit devant Nicolas Sarkozy... quel courage. Il cite F. MITTERRAND qu'il remercie pour son aide. A noté : il a quitté son texte (qu'il avait du mal à lire) et improvise un discours POLITIQUE car Césaire était un POLITIQUE et poète et pas un POETE politique. La foule approuve bruyamment. Sarkozy accuse le coup, il est obligé de rester assis, et en plein décalage horaire ! L'ambiance monte.
Le Panthéon est un monument de style néo-classique ce monument a maintenant vocation à honorer des personnages et rappeler des événements ayant marqué l'histoire de France.
Ses différentes destinations successives, sa décoration, les inscriptions et les symboles qui y figurent, permettent de parcourir la construction — lente et contrastée — de la nation française. Par extension, on appelle Panthéon un monument où sont déposés les corps des hommes illustres d'une nation.
Selon les Francais les noirs ne font pas parti de leurs histoires puisque depuis la nuit des temps à nos jours, nous sommes considérés comme des animaux et j'en passe....
Donc chers Frères et soeurs veuiller vous mobiliser afin d'empêcher ce sacrilège et souvenez vous de cette phrase d'Aimé Césaire:
"Tu vois, plus nous serons Nègres, plus nous serons des Hommes ."
Pensez vous vraiment qu'un homme disant ces phrases ait envie de rentrer au panthéon
Enfin une bonne réaction de Patrick Lozes!!!
Que représentait, pour vous, Aimé Césaire?
Patrick Lozès : Si je devais définir brièvement Aimé Césaire, je choisirais trois mots : nègre, universel et révolté. Nègre parce qu'il préférait ce mot qui bravait l'aliénation culturelle (Césaire a endossé l'insulte, "petit nègre", prononcée à son encontre par un automobiliste pour en faire un catalyseur de l'identité noire NDLR) et disait avec force une identité assumée, une conscience noire. Césaire a fait de la "négritude" un mouvement de résistance au racisme.
Universel, car Césaire avait tourné le dos au climat nationaliste qui régnait dans les années 1930 en Martinique pour adopter, au contraire, une posture extrêmement politique: il liait avec génie la population noire à un universel dont on avait longtemps essayé de l'exclure. En clair, Aimé Césaire a toujours refusé d'évincer les intellectuels blancs du combat identitaire des Noirs des Antilles ou d'Afrique. Pour lui, l'identité noire était universelle et non synonyme de clivage entre les hommes. C'est pourquoi certains penseurs blancs ont adhéré a sa pensée, à l'image de Jean-Paul Sartre qui déclarait : "La négritude est la négation de la négation de l'Homme noir".
Enfin, Aimé Césaire est un révolté. Contre le colonialisme français avant tout, car, même âgé, il a toujours refusé de cautionner toute justification de cette période de l'histoire. Je me souviens de son refus de recevoir, en 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Il entendait ainsi signifier son profond désaccord avec la lettre de la loi du 23 février 2005 qui "reconnaissant le rôle positif de la présence française outre-mer".
Le chantre du célèbre concept de "Négritude" (la conscience d'être noir), avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontrand Damas, l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" a consacré sa vie à la poésie et à la politique. Infatigable promoteur de l'autonomie, et non de l'independance de la Martinique. Il avait été depuis les années 1930 de tous les combats contre le colonialisme et le racisme.
Maire de Fort de France de 1945 à 2001, député de 1945 à 1993, président du conseil régional de Martinique , il a quitté la présidence du Parti Progressiste Martiniquais (PPM) en 2005.
Avec Senghor, Léon-Gontran Damas et Gilbert Gratiant, Aimé Césaire a jeté pour la première fois les bases du concept de Négritude. Aux côtés du Sénégalais Alioune Diop, le poète martiniquais a aussi fondé les Editions Présence africaine dont la vocation est de donner un moyen d'expression aux auteurs d'Afrique, des Caraïbes et de l'océan Indien.
Né à Basse-Pointe en Martinique le 26 juin 1913, Aimé Césaire s'affirme très tôt comme un élève brillant. Il est âgé 18 ans quand, détenteur d'une bourse, il débarque à Paris afin de suivre des études secondaires au lycée Louis le Grand. C'est là qu'il se lie avec le futur président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, au contact duquel il découvre l'Afrique et les musiciens noirs-américains. Durant cette période, « il se décolonise de l'intérieur », dira-t-il plus tard.
Avec Senghor, ils redécouvrent la phrase du philosophe allemand Hegel qui affirme que « ce n'est pas par la négation du singulier que l'on va à l'Universel, mais par l'appronfondissement du singulier ». Et Césaire de conclure : « Tu vois, plus nous serons Nègres, plus nous serons des Hommes ». Admis à l'Ecole normale, Césaire devient président de l'Association des Etudiants Martiniquais en 1934 et fonde le journal L'Etudiant noir.
Le concept de Négritude
Toujours accompagné de Senghor, mais également de Léon-Gontran Damas et de Gilbert Gratiant, il jette pour la première fois les bases du concept de Négritude. Par ailleurs, aux côtés du Sénégalais Alioune Diop, il est l'un des pères fondateurs des Editions Présence africaine, dont la vocation est de donner un moyen d'expression aux auteurs d'Afrique, des Caraïbes et de l'océan Indien.
De retour en Martinique, il est élu député en 1945 sous l'étiquette du Parti communiste français (PCF). Il travaille aussitôt à l'élaboration d'un nouveau statut pour les quatre anciennes colonies que sont la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion.
La même année, il devient maire de Fort-de-France. Sans cesse plébiscité par les Foyalais, il occupera ce poste pendant plus d'un demi-siècle, marquant la première ville de la Martinique d'une empreinte indélébile.
Lorsque Césaire se présente à l'Assemblée nationale le 12 mars 1946, il place la République française devant ses responsabilités : « entre désintégration et intégration, il y a de la place pour l'invention. Nous sommes condamnés à inventer ensemble ou à sombrer, et pas forcément pavillon haut », s'exclame-t-il. Une semaine plus tard, les départements d'Outre-mer naissent officielement et Césaire prend déjà sa place dans l'Histoire.
De l'immense bidonville hérité de la colonisation, Césaire fera une capitale digne de ce nom. « J'aime construire, j'aime bâtir. Nous, les Nègres qui avons beaucoup subi, devons apposer notre empreinte sur la civilisation universelle », martèle l'écrivain.
En 1956, année de l'invasion de Budapest par les chars de l'Armée rouge, il dénonce « la rude main de Staline » et met un terme à son engagement au PCF. Décidé à forger chez les Martiniquais une conscience libre et citoyenne, il fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM).
L'action politique de Césaire, poète et essayiste engagé, se retrouve dans ses écrits. Il entamera très tôt un long réquisitoire contre l'exploitation coloniale, le racisme et l'absence de développement qui en découlent. Avec le Discours contre le colonialisme en 1950, il œuvre pour le réveil des identités culturelles, la dignité humaine et la responsabilité historique des peuples. Il dénonce l'oppression exercée par l'Occident sur le Tiers-Monde. En 1941, il fonde à Fort-de-France la revue Tropiques, aux côtés de René Ménil et d'Aristide Maugée.
Une logique universelle
Avec le concept de Négritude, Aimé Césaire inscrit son discours dans une logique résolument universelle. Il réaffirme à tous les déracinés et descendants d'esclaves la grandeur de la civilisation africaine qu'il veut source de fierté pour tous les Noirs.
En 1939 déjà, avec Cahier d'un retour au pays natal, il amorce sa quête identitaire et pousse « un grand cri nègre ». L'ouvrage deviendra une source de référence incontournable pour tous les intellectuels des diasporas noires dans les décennies qui suivront. Subjugué par l'universalité de Césaire et par sa poésie surréaliste, l'écrivain français André Breton l'édite et le préface.
Dans une langue irréprochable, enrichie par des expressions issues de l'univers caribéen, la poésie de Césaire s'affirme dans un style qui fascinera également Jean-Paul Sartre. Pour l'écrivain martiniquais, « la quête surréaliste permet de descendre au plus profond de soi-même et de libérer l'imaginaire du carcan de la langue ». De manière générale, il affirme que « la poésie est la réappropriation de nous par nous-mêmes ».
Césaire politique, Césaire poète, mais aussi Césaire homme de théâtre. À partir des années soixante, il rédige différentes pièces dans lesquelles l'émancipation, l'Afrique et le héros noir sont au centre de ses préoccupations. Avec La tragédie du roi Christophe (1963), Une saison au Congo (1965) ou encore Une tempête (1970), il s'impose comme un dramaturge internationalement reconnu. Traduits dans de nombreuses langues, les ouvrages d'Aimé Césaire sont depuis longtemps l'objet de colloques et de conférences. L'Unesco lui a ainsi rendu un vibrant hommage en 1997.
Âpre défenseur de la Négritude, insatiable combattant pour la désaliénation des peuples, le poète est celui de « la Fraternité universelle », pour reprendre une expression de Senghor. Figure de proue pour de nombreux auteurs contemporains, Aimé Césaire a défriché le terrain sur lequel est née la créolité d'une nouvelle génération d'auteurs, à l'instar de Patrick Chamoiseau et de Raphaël Confiant.